Artistes
Jean-Baptiste Janisset
Miroir mon beau miroir, 2025SHOP disponible
Des vies dans une vie, 2024Scroll Galerie, Nantes
Ceux qui naviguent aux étoiles, 2024Elders Collectief, Kortrijk, Belgique
Naissance de colombes, 2023ART-O-RAMA, Marseille
Vers l’infini et au delà 2.0, 2023Abbaye Royale de Fontevraud
Caverne de la Bonne Mère, 2022ART-O-RAMA Represented by Everyday Gallery, Marseille
Firmament, 2022Galerie Alain Gutharc, Paris
La Cabane du Berger, 2021Centre d'Art Vent des Forêts, Fresnes-au-Mont
Or Glory, 2021Cantina, Aahrus, Danemark
Possédé.e.s, 2020MO.CO Panacée, Montpellier
Sourire aux Anges du Frioul, 2020île du Frioul, Marseille
Mur des Éblouis, 2019MRAC Occitanie, Sérignan
À ma Vie, 2019Galerie Alain Gutharc, Paris 7e
Sekizo, 2019Résidence Palais des Paris , Takasaki
Quis ut Deus, 2018Notre-Dame de la Salette, Marseille
Ototeman, 2018Mutatio Artist-run Space , Nantes
NDDL, 2018Galerie RDV , Nantes
Outside Our, 2018 Paris
Effroyable Dévastation, 2017Atelier Ravi, Lièges
Parabole du Semeur, 2017Espace Diamant , Ajaccio
L’Exuvie du Musée, 2017Musée d'Art de Nantes (en rénovation), Nantes
Bouzelouf d’Offrande, 2017Cité internationale des Arts, Paris
L’Exuvie de la réserve du Musée, 2016Musée des Beaux-Arts de Nantes
Expositions personnelles
2024
- «Those who navigate by the stars», Elders Collectief, Kortrijk
- «Des vies dans une vie», Scroll Galerie, Nantes
2023
- «Naissance de Colombe», Art-o-Rama, Marseille
- «Vers l'infini et au-delà 2.0», Abbaye Royale de Fontevraud
2022
- «La Caverne de la Bonne Mère», Everyday Gallery, Art-o-Rama, Marseille
- «Firmament», Galerie Alain Gutharc, Paris
2020
- «Sourire aux anges du frioul», PAC, Île du Frioul, Marseille
2019
- «Sourire aux anges», Atelier Chiffonnier, Dijon
- «À ma vie», Galerie Alain Gutharc, Paris
2017
- «Parabole du Semeur», Espace Diamant, Ajaccio
2016
- «Terre de mémoire», Complexe Culturel Le Centre-Bénin, Cotonou
Expositions collectives
2025
- «Pâte à sel à Brussels, Stems Galerie, Bruxelles»
2024
- «Porsche Scopes Marseille»
- «Odyssea, Spiagga Libera & Scroll Galerie, Marseille»
2023
- «Solaris, Frac Paca, Marseille, cur. Muriel Enjalran»
- «Witch you were here, La Station, Nice»
2022
- «Corbeau-Chien, Ar-cade, Mareille, cur. Stephanie Cherpin»
- «La vallée des merveilles, Espace à Vendre, Nice, cur. Karine Rougier Nina Léger»
- «Art Paris, Galerie Alain Gutharc, Grand Palais Ephémère, Paris »
- «Je ne reviens jamais sur mes pas, La Chaufferie, Strasbourg, cur. Julien Bécourt»
2021
- «Death or Glory, Cantina, Aarhus»
- «Si nous n'avions pas vu les étoiles, Buropolis, Marseille»
- «Unconvinced Familiar, Fabbri Schenker Projects, London»
- «Potluck, Everyday Gallery, Antwerp»
- «Future Bamboche, Paris, cur. Temple Magazine»
- «History of Fantasy, Everyday Gallery, Antwerp, cur. Emmanuelle Luciani »
- «Chants of a Gargoyle, Waldburger Wouters, Brussels»
2020
- «Anima Mundi, Abbaye Saint Victor, Marseille, cur Emmanuelle Luciani»
- «Possédé.e.s, Mo.Co Panacée, Montpellier, cur. Vincent Honoré»
- «Limdo, Everyday Gallery, Antwerp»
- «Champ de Rosaces, Art au Centre, Liège»
- «Euro Neu Mode, Everyday Gallery, Antwerp»
- «Oh ! Les beaux jours, Galerie Alain Gutharc, Paris»
2019
- «Les Chemin du Sud, MRAC Occitanie, Sérignan, cur. Southway studio»
- «As i Like, Galerie Alain Gutharc, Paris»
- «Host Call, Open Space Beaux-Arts, Nantes »
- «ThunderCage #4, Aubervilliers, cur. Romain Vicari»
- «Paon Paon Qi Qi, Le Magasin Espace d'Art & Essaie, Marseille»
2018
- «Outside Our, Villa Emerige, Paris, cur. Gael Charbau»
- «NDDL, Galerie RDV, Nantes, with Antoine Nessi»
- «12e Biennale de la jeune création, Centre d'Art La Graineterie, Houilles»
- «63e Salon Montrouge, le Beffroi, Montrouge»
- «68e Jeune Création, Beaux-Arts, Paris»
Résidences
2025
- «Cimetière des œuvres», Juozas Laivys, Lituanie
2024
- «Château de Tremblay»
2023
- «Abbaye Royale de Fontevraud»
- «Fræme & Compagnie Fruitière, Cameroun»
2020
- «Centre d'Art Vent des Forêts, Fresnes-au-Mont»
- «Atelier Chiffonnier, Dijon»
2017
- «Espace Diamant, Ajaccio»
- «Afiac, Fiac»
2016
- «Complexe Culturel Le Centre-Bénin, Cotonou»
Le glaneur d’oracles par Élise Bergonzi 2024
Le long des pavés qui somnolent dans la brume d’hiver, nous emboîtons le pas du glaneur d’oracles. Il nous emmène à la lisière de notre monde, là où les morts murmurent à l’oreille des vivants. Progressant à pas feutrés sous un ciel d’obsidienne sans contours, on distingue les voûtes, les arches et les clochés encore incertains des lieux de cultes et de recueillement que notre guide visite compulsivement. Les constellations d’ex-voto aux couleurs irisés qu’il nous présente transpirent de symboles. Le glaneur les écoute nous conter religieusement les aventures de nos vies antérieures. Il nous accompagne sur les traces d’un jeu de piste où le réel se mêle au virtuel, où la matière s’enveloppe du sacré.
Jean-Baptiste Janisset flâne et s’abandonne dans les églises rurales autant que dans les cimetières. Collectionneur d’ornements funéraires cueillis sur les stèles, les tombeaux, les colonnes, et les bas- reliefs de pierre ou de marbre ; il prélève et ramène les moulages de ces fragments magnanimes. Les symboles issus ses vagabondages nécropolitains ou cléricaux sont fondus dans le plomb pour épouser les formes cryptiques que l’artiste archive à la manière d’un alchimiste. Ses sculptures se transforment en amulettes chatoyantes capturant les âmes silencieuses qui reposent en ces lieux. En archéologue de ces micros territoires chargés d’histoires, l’artiste se voit comme un cochon truffier cherchant le Graal, cet objet magique agissant comme une énigme murmuré dans le cloître d’une église ; comme un talisman capable de nous révéler des secrets liminaux et d’éveiller nos esprits pour résoudre le mystère de nos vies contemporaines. Entre Marseille, Barcelone et Amsterdam, ou entre Nantes et Fontevraud, il sillonne la France et l’Europe, partant la rencontre des forces magiques et occultes qui suintent sous la pierre des monuments cultuels. Jean-Baptiste Janisset se met en quête des savoirs ancestraux et des récits manifestes transmis dans la pierre, par la main des artisan•ne•s qui les ont façonnés. Les territoires prélevés transpirent ainsi des marques distinctives de celleux qui ont sculpter les terres où se recueillent les vivants et où reposent les morts. Chaque moulage devient alors une offrande rendue, un hommage fasciné à ces lieux et à leurs histoires. Chaque vidéo se déploie à la manière d’un portail vers un territoire fabulé, comme un trou de ver aux delà du tangible.
Inspiré par l’escape game dans lequel il a curaté deux expositions à Marseille, Jean-Baptiste Janisset assemble ses bas-reliefs augmentés sous forme d’énigme. Un jeu de clés, de serrures et de portes dérobées nous entraîne vers une échappatoire symbolique précipitée au cœur de cette épopée rocambolesque de fragments ornementaux. Ils nous font accéder à d’autres niveaux de conscience. Sous chaque symbole s’en cache un autre, permettant de s’évader dans les méandres de notre propre spiritualité ou à la frontière de la fiction.
Avide de folklores ésotériques et d’abécédaires funéraires comme de messages cryptés et de coffres au trésor ; pour l’exposition Des vies dans une vie, l’artiste nous propose une quête mystique transcendantale où l’on navigue dans un jeu vidéo éthéré, peuplé par les vestiges d’un imaginaire spectral. Reprenant le principe du geocaching, le•a héros•ïenne devient glaneur•euse à son tour, téléporté•e dans une chasse aux œufs grandeur nature, guidé•e par les figures volages et maladroites qui s’animent dans un reflet lunaire. Ces chimères miroitantes nous indiquent les voies empruntables, celles qui illuminent des chemins de croix dans la pénombre en soulevant le voile entre les mondes. Motifs religieux, végétaux sublimés ou figures humaines archétypales ; ici, le réel archéologique se fond dans l’empreinte d’une mythologie contemporaine impulsée par certains codes du gaming. Sans perdre la moindre goutte de leur teneur spirituelle, les rébus issus des assemblages de Jean-Baptiste Janisset s’élèvent avec légèreté aux rangs des fables chevaleresques de nos romans d’aventuriers. Comme une dernière offrande, ils nous invitent à partir en quête de l’énième symbole que l’artiste a caché dans le marbre patiné d’un sépulcre endormi.
À l’endroit où l’on bâtit la chapelle Notre-Dame de Miséricorde à la gloire des chevaliers de la légende du dragon de Sautron, se trouve un cimetière que l’on surnomme le Père-Lachaise nantais. Frayez-vous un chemin entre les allées sinueuses et les sépultures de granite. L’un des cochons de Fontevraud s’est glissé dans le recoin d’un tombeau gardé par une porte en fer défraîchie. Deux bouquets de pétales roses délavés et une vierge aux mains jointes veillent sur lui, un voilage bleu ciel à la ceinture. Sauvez-vous retrouver sa trace ?
Dé-partager le sensible par Ingrid Luquet-Gad, 2021
Depuis cinq ans, Jean-Baptiste Janisset arpente les lieux de culte. Dans les églises et les cimetières, les calvaires et les sanctuaires, l’artiste répertorie les motifs, les symboles et les glyphes : ce sont des anges ou des chauves-souris, des Vierges à l’Enfant ou des crânes ailés, des chouettes ou des pentacles. Son périple, qui l’a mené du sud de la France à la Catalogne via Paris, il l’a entrepris sous les augures d’une quête énergétique. Il en va d’une collecte, à la fois érudite et compulsive, mais de celles qui, au-delà de la simple taxonomie, ouvrent à la relation. Le corps est à l’acte, engagé par une opération de moulage in situ des fragments ; tout autant qu’est amorcée l’interlocution, par un dialogue avec les gardien.ne.s de l’esprit des lieux – prêtres, mages, marabout.e.s ou médium.e.s.
A partir de ces moules, tirés en plâtre puis en silicone avant d’être transis dans le plomb, l’artiste réalise des compositions syncrétiques. Souvent, les éléments sont actés au sein d’architectures informelles : au centre de Firmament, la seconde exposition personnelle de l’artiste à la galerie Alain Gutharc, un véhicule prend possession de l’espace. De sa présence, rien pourtant ne fait masse ni ne s’appréhende d’un seul regard : la surface accroche tout autant que la forme se dérobe, et dans la prolifération de motifs, l’œil se perd dans un réseau de rythmes irradiants. Il n’y a plus de forme totale, identifiable ou assignable, seulement cet infini fourmillement de symboles qui, tout en s’exprimant chacun depuis un idiolecte au code perdu, composent ensemble les accords d’une harmonie cosmique.
L’œuvre en question, Vers l’infini et au-delà, ménage une élévation sculpturale et indique la possibilité d’un trajet. Ses éléments ont été juxtaposés de manière à former une membrane qui enveloppe imparfaitement une structure paradoxale : un carrosse pour enfant, usiné en série et acheté sur Leboncoin. Il en va d’une tentative de manifester, au sein d’une culture matérielle post-industrielle, quelque chose de la remontée incantatoire du « murmure des sociétés » qu’évoquait l ‘historien Michel de Certeau. En plaçant l’interprétation des signes2 collectifs sous les auspices d’un « braconnage culturel », celui-ci attribuait à chacun.e la fabrication d’une cohésion symbolique au-delà des sens, usages ou scripts établis.
Aux murs de la galerie, une série de pièces d’échelle plus modeste introduisent la couleur obtenue par un processus d’alliage de métaux. En transférant à la surface des pièces des images d’astronomie ou des fractales glanées sur Google, l’artiste fait également rentrer en fusion deux systèmes de croyance et de représentation de l’au-delà. En une boucle récursive, le mythe du progrès et la religion du scientisme, les optiques de précision et les objets géométriques, rejoignent la centaine de symboles mystiques répertoriés par l’artiste. Ils en figurent une variante, elle-aussi localisée dans un espace-temps relatif, les uns et les autres se liant ensemble à la manière de l’hologramme qui, au sommet de la sculpture-véhicule, vient dessiner un nœud de cœur.
On a, au fil des évolutions de l’infrastructure médiatique et technologique, voulu relire diversement la figure du « braconneur ». Ainsi, le premier livre du théoricien des médias Henry Jenkins s’y réfère directement : avec Textual Poachers [braconneurs textuels] paru en 1992, l’américain analyse la culture participative des fans, une première étude reprise par Matt Hills qui, dans Fan Cultures [cultures de fans] introduira le concept de « consommation performative » [performative consumption]. Chez Jean-Baptiste Janisset, le sens naît similairement d’une reconfiguration de signes collectifs – ceux de l’espace public, ceux de l’infosphère en réseau. Mais plutôt que de s’en tenir à la lignée élargie des braconneurs, c’est ici la posture de l’artiste qui, à son tour, s’en voit redéfinie : subjective sans être individuelle, elle se place à l’écoute de remontées incantatoires, telle qu’en interaction avec les croyances partagées.
Le primat de la représentation ou de l’unicité de la création, tout autant que la grille de lecture iconologique, marotte actuelle des analyses anthropologique de l’image, s’incline ici devant un dé-partage du sensible. Et invite à nouer nouvelles alliances conductrices entre croyant.e et fan, artiste et regardeur.
