Peindre des mots à l’horizon des paysages, lieu de rencontre de la vision et du langage, des mots indépendants qui forment un ensemble de termes juxtaposés, non reliés par une syntaxe, à moins que ça ne soit celle de la peinture.
Les mots sont des lieux dans l’esprit, ils sont l’occasion de mettre en mouvement la toile peinte en lui offrant un espace verbal, ils construisent la présence du paysage, là où visible et lisible ne cessent de se rencontrer.
La totalité de la surface du tableau est occupée, les aplats laissent peu de place aux ouvertures, seules les jointures qui construisent les lignes d’horizon et les mots lui donnent sa profondeur et laissent entrevoir l’infini qui se devine à l’orée des interstices.
Le bord de la toile, une fenêtre sans embrasure, fixe la limite de tous côté, l’illusion est de courte durée tellement le hors champ est visible et force à nouveau le regard à quitter le cadre dans lequel pourtant, le paysage semble pouvoir tenir et nous voici reconduit à la vaste étendue à jamais atteignable.
L’infini de l’horizon est le lieu de l’errance où prend place l’impuissance du regard qui tend à vouloir tout embrasser, fini par renoncer et se perd dans l’ailleurs.