En avant de soi, un territoire, là où les fuyantes qui ne se rejoignent jamais sont rejetées à l’infini.
Le tableau possède une architecture, il est fait de mesures qu’il ordonne, il faut y faire tenir les dimensions qu’il cadre, ce sont les fondations. La perspective qui consiste à projeter une construction spatiale sur la surface plane structure l’espace selon la logique du cadre géométrique et orthogonal qu’il donne, il devient une fenêtre qui met en relation dedans et dehors, des intérieurs vus de l’extérieur.
Il devient un lieu qui se situe à l’intersection du réel et de l’irréel, de l’ici et de l’ailleurs, il permet de donner une forme au seuil, à l’entre deux : produire le lien entre intérieur et extérieur. Je rejoins là l’ailleurs des mots qui sont des lieux dans l’esprit et l’ailleurs de l’horizon, contempler un tableau c’est comme contempler une lisière.
Peindre, c’est investir ce lieu qui est le témoin et le support de la pensée, du discours intérieur, c’est l’endroit du rêve d’où émergent les mots.