La structure du tableau accueille les mots, leur inscription génère le croisement du visible et du lisible, la toile affirmant le lieu où se rencontre vision et langage.
Voir des mots oblige à les lire ce qui produit une sorte de retard de la perception visuelle qui voudrait englober la toile dans sa totalité, d’où l’émergence d’un mouvement oscillatoire qui semble conduire à choisir entre peinture et déchiffrement. Comme si momentanément l’écriture effaçait ce qu’il y a à voir.
La toile comme espace verbal est affirmée, elle offre aux mots un lieu où leur existence physique est de plus en plus visible et laisse entendre qu’ils ont une matérialité.
Le mot qui s’adosse à la surface nous reconduit à la planéité, mais nous voyons bien que le tableau est aussi une ouverture vers l’extérieur qui renvoie à l’espace tridimensionnel créant ainsi une ambivalence entre page et fenêtre.
Introduire un signe verbal dans le tableau, l’inscrire dans un lieu, est une façon de le mettre en scène dans une architecture pour scénographier le rapport entre lire et voir, comme de l’écrit théâtralisé.
Il s’agit ici de jouer avec les limites du plan et de l’espace, de juxtaposer deux langages.