L’hypothèse des doublures (suite)
Dessins intimistes ou dessins dans l’espace, dessins autonomes ou dessins en série, la ligne, l’ombre et la lumière, les notions d’apparitions et de disparitions, la cohabitation de l’humain du végétal et de l’animal, l’hybridation, la métamorphose sont les constituants du travail que je développe depuis une vingtaine d’années. Je pioche dans le quotidien des images que je détourne, superpose, mixe, créant ainsi de l’étrange avec du familier.
Dans le cadre de ma résidence de création au service de Soins de Suite et Réadaptation du CHU d’Angers (d’octobre 2020 à avril 2021), j’ai voulu créer un pont entre le musée des Beaux Arts de la ville et le centre hospitalier. En mixant entre elles des images d’œuvres du musée et d’autres collectées au CHU (photographies du personnel, du matériel médical) j’ai alors imaginé des « doublures » poétiques, énigmatiques et oniriques rendant hommage pour certaines d’entre elles au personnel soignant.
Utilisant différents fusains et graphites dans un travail long et minutieux je me détache progressivement du sujet initial cherchant ainsi à donner au dessin son autonomie. Le travail se constitue de strates qui deviennent des surfaces disponibles pour un nouvel investissement – un futur dessin – qui, couche après couche, se révèle au regard telle une photographie en développement ou une radiographie médicale.
Pour la deuxième partie de ma résidence, en écho à mes dessins, j’ai commencé un travail de céramique, prolongeant ainsi par le volume mes recherches autour de l’hybridation, du collage, de la greffe et de l’étrangeté, donnant naissance à une vingtaine de sculptures.
J’ai été rejoint sur une quinzaine de jours par Julien Perrier (sculpteur) qui m’a apporté son aide technique et avec lequel nous avons élaboré une pièce à quatre mains évoquant la Caducée.
Pendant ces 6 mois de résidence, j’ai aimé rencontrer la communauté hospitalière ainsi que les patient.e.s. J’ai cherché à installer un climat de confiance à l’intérieur de l’atelier pour faciliter la parole et l’échange sur mon travail en cours, sur l’art en général, provoquer l’imaginaire.
Pierrick NAUD