Extrait de “Art/Partrimoine, clin d’oeil” :
[…] Les productions d’artistes faisant appel aux savoir-faire traditionnels mis au service «non sans humour» d’une iconographie contemporaine, nous amènent à nous interroger sur notre capacité à revisiter notre histoire et notre patrimoine, non plus dans une attitude réactionnaire, passéiste et révérencieuse, mais au contraire avec l’objectif de générer de nouveaux objets et de nouveaux concepts, interrogeant ainsi notre contemporanéité et sa difficulté à se nourrir et, parallèlement, à se libérer du passé pour construire son présent et son futur.
Les œuvres d’Etienne Poulle à l’instar de celles de Wim Delvoye, ou même de Dewar et Gicquel entre autres, sont de cet ordre. Il met ses savoir-faire (tailleur de pierre à ses débuts) au service d’une production qui met en exergue la question du poids de l’héritage et la manière dont nous composons avec lui […], il nous démontre que cet héritage peut être un moyen, d’interroger également le temps présent, et notamment ici la question de la norme, qui a investi, via l’industrialisation, tous nos domaines de production : des jeux d’enfants (les LEGO) en passant par l’architecture (le préfabriqué), les objets et peut-être, même une partie de la création contemporaine. Mais afin de complexifier encore un peu plus ce postulat critique, Etienne Poulle nous démontre également et à contrario que ces normes peuvent grâce à de subtiles manipulations devenir paradoxalement un levier pour générer des formes singulières qui renouent avec l’aura de l’œuvre d’art d’avant l’air de la reproduction.
Laurent Charbonnier