Oeuvre produite par l'Association Le Tube
A la lueur des songes est une installation produite dans le cadre d’une résidence de création organisée par l’association Le Tube, à Strasbourg en 2021. Elle a été présentée lors de l’exposition collective Mue.s, qui a eu lieu au Syndicat Potentiel, à Strasbourg en février 2022.
Le tissu est le support principal de mes peintures. Je collectionne les textiles du quotidien, ceux qui tapissent nos intérieurs, peuplent nos espaces domestiques et intimes. Tantôt usés, déchirés ou recyclés, la plupart des tissus sur lesquels je peins m’ont été donnés. Cette installation a été réalisée à partir de draps usés. Je les ai ré-utilisés, ré-activés par le geste picturale en jouant avec leurs aspérités afin de révéler leur potentiel pictural, narratif et poétique.
Du nouveau-né emmailloté au corps ensevelit du défunt, les linges nous protègent, nous isolent. Ils sont le lieu de l’amour charnel, le théâtre d’intimités plurielles, l’espace depuis lequel s’accomplissent des voyages immobiles vers des ailleurs fantasmés. Par un travail de scénographie, A la lueur des songes invite à cheminer à l’intérieur de la peinture, dans un espace doux et confortable. Cette installation s’apparente à une quête méditative, une invitation au voyage à travers la latence des matières, l’informe et le souvenir.
«Cette semaine, j’ai rencontré des voiles de candeur. Sur le thème du cocon et de la mutation, j’ai voyagé dans des petits bouts d’enfance noués les uns aux autres.
L’installation de Claire Amiot est, je pense, une oeuvre sensible, qui nous ouvre les bras comme une vieille amie. Elle nous rappelle les jeux d’enfants autour des draps blancs réchauffés par le soleil en fin de journée d’été. Ils sentent la lessive encore tiède, les rires et les silences ponctués de rêveries.
Comme une cabane de draps qui se fait gardienne des histoires imaginaires, l’installation In Situ protège du monde extérieur et des agressions invisibles – de ce que l’on ne connait pas. On pourrait penser qu’une telle forme de douceur est un thème simple, évident, connu de tous et sans secret. La force de cette oeuvre, c’est de pouvoir réanimer quelque chose de fin, de lui donner une âme en convoquant des morceaux d’innocence, de se rapprocher des histoires personnelles de chacun, se laissant guider par cette petite fille qui semble avoir noué un parcours de rubans.
La limite infranchissable entre public et oeuvre est brisée, offrant une expérience des plus délicieuses au centre des couleurs. Plis, torsades, contours dialoguent avec des nuances innocentes – La fragilité devient une forteresse imprenable dont les murs tissés effacent la peur du dehors. Ce sont les mots d’Eluard qui ont guidé mes pas dans la frivolité des drapés…
«L’enfant j’ai été l’enfant
Joue sans jamais réfléchir
Aux sombres détours du temps
Eternel il joue pour rire
Il conserve son printemps
Son ruisseau est un torrent
Moi mon plaisir fut délire
Mais je suis mort à neuf ans»
…Qui cachent un envers lourd de secret».
Lorry Besana