La chute de la Météorite de Rocheservière en 1841 est le déclencheur de la recherche et du processus de travail de Christine Laquet, qui en l’empruntant au Musée d’Histoire Naturelle, la ramène sur son lieu de chute. Objet d’étude, la pierre extra-terrestre provoque autant la rêverie qu’elle invoque la prise en considération d’autres échelles : elle développe une conscience aiguë de la dimension spatio-temporelle. Tout en nous révélant des informations sur nous-même, les météorites nous fascinent et nous inquiètent, car ces objets célestes, sur lesquels l’Homme n’a aucun contrôle, possèdent un pouvoir intrinsèque de destruction. Maitriser la peur latente, être en contact privilégié avec la Météorite de Rocheservière, c’est tenter d’en saisir l’impact encore persistant. Chercher à traverser l’histoire, la science et les arts pour générer de nouveaux axiomes, et pourquoi pas pour figurer un changement dans nos perceptions et nos relations avec le monde minéral et le cosmos.
Corps parents
Météorite de Saint Christophe la Chartreuse (Coll. Muséum d’Histoire Naturelle, Nantes), chaines et barres
en métal, 47 perles de cristal, plantes synthétiques, 2017.
«À la façon d’une balance romaine, un plateau de la balance reçoit la météorite, tandis que l’autre est constitué d’un chapelet de 47 boules de cristal facettées, d’un poids total équivalent à celui de la météorite : 4,7 kg. Ce chapelet descend au sol comme une traine de comète, dont l’extrémité est habitée par des plantes autotrophes, qui poussent sans substrat en synthétisant la lumière, l’air et l’humidité ambiante. Ce dispositif qui remet la météorite en lévitation dans les airs de Rocheservière, repose sur un équilibre délicat et subtil entre la masse de fer et de nickel cosmique et celle du cristal associé aux plantes. L’œuvre est d‘autant plus légère et évanescente qu’elle baigne dans une sorte de halo scintillant produit par la diffraction de la lumière dans le cristal. Comme si l’artiste avait voulu capter les feux crépitants du météore pour éclairer son projet et réenchanter le monde terrestre de l’exposition.» Pascal Pique, dans L’artiste comme météorite. Catalogue: Apparition disparaissante. 2018.
Études de la chute
Série de 5 tirages risograhiques, 31 x 25 cm et 31 x 31 cm, 2017.
Étude de la chute est une série qui combine des observations astrophysiques de siècles antérieurs: du mouvement des planètes (les tourbillons de Descartes), à la trajectoire des Perséïdes ou des chutes de météores… Parmi ces études, il y a la présence de la Météorite Ahnighito : la plus imposante actuellement présente dans un Muséum d’Histoire Naturelle. C’est l’explorateur américain R. Peary qui l’a acquise en 1894, lors d’un échange avec les Inuits contre… une arme à feu. Étude de la chute désigne une certaine implication entre sciences et colonisations passées, à celles en pratique à ce jour liées aux recherches de l’espace extra-atmosphérique, jusqu’aux futurs envisagés les plus saugrenus.
Tourbillons de Descartes
Pastel à l’huile sur risographie et photographie lenticulaire, 62 x 42,5 cm, 2017.
Dissection de la chute
Pastel à l’huile et acrylique sur risographie, 31 x 25 cm chacun, 2017.
Knife, Rocheservière
Co-réalisation avec Adrian Owen. Manche: bois de vigne prélevé sur le lieu de chute de la Météorite de Rocheswervière lors de la performance Anniversaire météorite. Lame: tranche de météorite (Campo del Cielo) avec structures de Widmanstätten. Longueur: 21 cm, épaisseur manche: 3 cm, 2017.
Clin d’oeil à la dague de Toutankhamon, Knife, Rocheservière laisse percevoir les fonctions rituelles et la part magique accordée à cet objet qui nous parle d’un ailleurs.
Marche de l’anniversaire-météorite, Rocheservière (FR)
Performance participative, le 5 nov. 2017 – 176 ans sur Terre.
En 2017, j’ai engagé une recherche autour d’un objet extra-terrestre: les météorites. J’ai pu emprunter (Musée d’Histoire Naturelle) la météorite tombée à proximité de mon lieu d’exposition et célébrer l’anniversaire de sa chute, peu avant l’ouverture de mon exposition. Provenant de la ceinture d’astéroïdes (entre Mars et Jupiter), sa datation m’a permis d’organiser une Performance marche-anniversaire participative. J’ai ainsi conçu un circuit dans la zone elliptique de l’impact de la météorite, où 1 pas représente 100 000 ans. Selon mes calculs, un groupe composé de 6 personnes minimum doit marcher une heure pour atteindre l’âge de la météorite (~4.56 milliards d’années). Tel un rituel, 65 personnes se sont météorisés.