Sur le mur d’entrée, non loin de l’autel établi en 1772, Johann Bertrand Dhy a installé ses objets de [grès noir]. Il s’agit bien de bénitiers de chevet, petits objets qui se trouvaient au-dessus des tables de nuit à l’ombre des prières, comme l’étaient les calvairiennes dans leurs cellules.
Façonnés avec une argile crue, puis cuite, ces objets d’un [noir ténébreux], mettent en contact nuitamment les esprits saints avec les corps saints. Des bénitiers, contenants domestiques aussi communiant que communicant certains soirs.
De saintes communications qui aujourd’hui semblent disparaître dans nos sociétés où le sommeil se fait léger, abreuvé par le désir de fragrances instantanées. Parfum de menthe, de pommes ou de poires, irisé par le sucre semoule, ou surpris par la fraîcheur des glaçons ; toutes ces sensations s’échappent de ces petites aumônes installées.
Chaque offrande de Johann Bertrand Dhy est un élixir, un petit bouchon aussi spirituel que spiritueux. Les âmes les plus charitables viendront y tremper un doigt, sucrer leurs lèvres ; laissant se révéler à leurs esprits les plus belles prières ensevelies.
Mathias Courtet