Carmen, 1998

Thierry Frer

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Thierry Frer, «Carmen», 1998, photographie : droits réservés
Thierry Frer, «Carmen», 1998, photographie : droits réservés
Thierry Frer, «Carmen», 1998, photographie : droits réservés
Thierry Frer, «Carmen», 1998, photographie : droits réservés

Carmen, 1998

Le Carré, Scène Nationale Château Gontier

– La pelouse.

– Les chaises de jardin en fer forgé blanc.

– Le tourniquet, sur la pelouse.

– La fraîcheur des gouttelettes d’eau.

– Carmen sur la balancelle, au soleil, paupières fermées.

– Son décolleté.

– Ses corsages à volants.

– Ses grosses boucles d’oreilles.

– Nos repas, le soir, sur la pelouse.

– La nuit tombante, la fraîcheur du crépuscule.

– Les chants des grillons.

– Les vers luisants, dans l’herbe.

– La fenêtre du salon ouverte, la musique, à l’interieur de la maison.

– Nos soirées dans la salle à manger.

– Le lustre à pampilles.

– Les coupes en cristal.

– Le mousseux, le champagne, les cerises à l’eau de vie de Maurice.

– Les cendriers regorgeant de mégots.

– Les « Royal mentholées » extra fines.

– Les grosses bagues de Carmen.

– Les strass, sur sa peau lisse et mate.

– Ses épaules rondes.

– Les réveillons, la table encombrée de plats, de bouteilles, de verres.

– Les rires, la fumée.

– Les flammes dans la cheminée.

– Le bar ouvert.

– Le salon capitonné, dans la pénombre.

– Les chats, lovés dans les gros fauteuils verts un peu avachis.

– Carmen chantant le matin.

– Le claquement de ses talons aiguilles sur le carrelage du couloir.

– La radio.

– Le clapotis de la cafetière électrique.

– Le ronron irrégulier du moteur de la voiture, le matin dans le garage.

– Le bruit du moteur qui s’éloigne dans la nuit.

– Carmen assoupie sur le divan.

– La télévision allumée pour personne.

– La lumière diffuse des appliques.

– Le chien qui nous frôle les jambes sous la table.

– La voix ensommeillée de Carmen.

– Les sorties à Annecy.

– Nos chansons, dans la voiture.

– Les cassettes de Birkin, de Gainsbourg.

–  Carmen au bord du lac, assise dans l’herbe, les pans de sa robe blanche étalés en corolle.

– Les regard furtifs des passants.

– Carmen riant aux éclats.

– Les terrasses des cafés, au bord du canal.

– Carmen, un éventail à la main, la tête rejetée en arrière.

– Sa mèche blanche tombant sur son front.

– Ses paupières maquillées.

– Carmen émue, s’essuyant le coin des yeux avec son tablier.

– Sa voix chevrottante, au bord des larmes.

– Le timbre de sa voix, parfois emporté par la conversation.

– Son ton décidé, affirmatif.

– Sa manière de hocher la tête, en petites saccades.

– Ses arrêts à la fin d’une phrase pour tirer longuement sur sa cigarette en redressant le cou.

– Carmen nous serrant fort contre elle, fébrilement.

– Ses yeux humides.

– Sa main levée, se balançant de gauche à droite, imperceptiblement.

– Son visage tourné vers nous, derrière la vitre du train.