– La pelouse.
– Les chaises de jardin en fer forgé blanc.
– Le tourniquet, sur la pelouse.
– La fraîcheur des gouttelettes d’eau.
– Carmen sur la balancelle, au soleil, paupières fermées.
– Son décolleté.
– Ses corsages à volants.
– Ses grosses boucles d’oreilles.
– Nos repas, le soir, sur la pelouse.
– La nuit tombante, la fraîcheur du crépuscule.
– Les chants des grillons.
– Les vers luisants, dans l’herbe.
– La fenêtre du salon ouverte, la musique, à l’interieur de la maison.
– Nos soirées dans la salle à manger.
– Le lustre à pampilles.
– Les coupes en cristal.
– Le mousseux, le champagne, les cerises à l’eau de vie de Maurice.
– Les cendriers regorgeant de mégots.
– Les « Royal mentholées » extra fines.
– Les grosses bagues de Carmen.
– Les strass, sur sa peau lisse et mate.
– Ses épaules rondes.
– Les réveillons, la table encombrée de plats, de bouteilles, de verres.
– Les rires, la fumée.
– Les flammes dans la cheminée.
– Le bar ouvert.
– Le salon capitonné, dans la pénombre.
– Les chats, lovés dans les gros fauteuils verts un peu avachis.
– Carmen chantant le matin.
– Le claquement de ses talons aiguilles sur le carrelage du couloir.
– La radio.
– Le clapotis de la cafetière électrique.
– Le ronron irrégulier du moteur de la voiture, le matin dans le garage.
– Le bruit du moteur qui s’éloigne dans la nuit.
– Carmen assoupie sur le divan.
– La télévision allumée pour personne.
– La lumière diffuse des appliques.
– Le chien qui nous frôle les jambes sous la table.
– La voix ensommeillée de Carmen.
– Les sorties à Annecy.
– Nos chansons, dans la voiture.
– Les cassettes de Birkin, de Gainsbourg.
– Carmen au bord du lac, assise dans l’herbe, les pans de sa robe blanche étalés en corolle.
– Les regard furtifs des passants.
– Carmen riant aux éclats.
– Les terrasses des cafés, au bord du canal.
– Carmen, un éventail à la main, la tête rejetée en arrière.
– Sa mèche blanche tombant sur son front.
– Ses paupières maquillées.
– Carmen émue, s’essuyant le coin des yeux avec son tablier.
– Sa voix chevrottante, au bord des larmes.
– Le timbre de sa voix, parfois emporté par la conversation.
– Son ton décidé, affirmatif.
– Sa manière de hocher la tête, en petites saccades.
– Ses arrêts à la fin d’une phrase pour tirer longuement sur sa cigarette en redressant le cou.
– Carmen nous serrant fort contre elle, fébrilement.
– Ses yeux humides.
– Sa main levée, se balançant de gauche à droite, imperceptiblement.
– Son visage tourné vers nous, derrière la vitre du train.