Cette sculpture est inspirée de ces maquettes que l’on trouve chez les constructeurs de pavillons, pour nous donner une image idéale de ce que sera cette magnifique cité pavillonnaire. Ces maquettes deviennent pour moi des figures qui condensent les attentes et projections des futurs acquéreurs. J’ai donc voulu utiliser la maquette en exagérant le caractère formellement identique de tous ces pavillons et les confronter à des objets d’échelles différentes, afin de provoquer une prise de conscience critique vis-à-vis de l’association des éléments qui produisent ce simulacre.
J’ai fabriqué de petites maisons de bois à l’échelle 1/160 (échelle des maquettes de trains électriques), que j’ai installées sur un plateau en faux parquet. J’ai utilisé, en opposition à l’échelle des maisons, un objet réel, archétype de la standardisation : une lampe Ikea. La pièce est donc constituée d’éléments qui associés par deux les uns aux autres produisent du sens, mais ces sens sont contrecarrés par l’ajout d’un autre élément qui produit un nouveau sens, etc. On ne peut pas s’arrêter sur l’un de ces sens en particulier ; c’est bien là l’un des intérêts majeurs de ces pièces : le sens «tourne» au fur et à mesure de l’association des éléments, maisons et lampe, lampe et faux plancher, faux plancher et maisons… C’est un effet assez «cinématographique» que l’on retrouve dans beaucoup de scénarios de thrillers, comme ces indices qui sont mis en place au fur et à mesure d’une intrigue, et détruits pour faire place à d’autres, pour enfin les associer et élucider le mystère. On retrouve cette formule dans les polars ou les films comme Usual suspect, film de Bryan Singer, 2001.