« Le soleil sort enfin, dit Camier, afin qu’on admire sa chute, à l’horizon. » Mercier et Camier, Samuel Beckett
Il y a quelques années, avait eu lieu à Paris l’exposition de Bas Jan Ader. J’avais été impressionné par les formes courtes de ces quelques vidéos performatives, qui tournaient en boucle, répétant des actions de chute de l’artiste. Des années plus tard, je comprends pourquoi. Ces vidéos cristallisaient les morts par chute de mon grand-père tombé d’un toit, et de sa fille, ma mère, tombée dans la Seine avec son vélo. J’ignore ce qu’il y a eu avant la chute, je ne sais pas ce qui cause la chute, et je n’ai pas vu ce qui a eu lieu après la chute. C’est pour tenter d’approcher de ce vide visuel que j’entreprends mes recherches, de manière subjective et instinctive. Je construis des éléments plastiques qui viennent alimenter un récit dans lequel j’invite le public à s’immerger : je réalise des installations qui jouent avec un équilibre ténu ; j’expérimente la chute en me mettant en scène dans des vidéos ; je compile puis je classe des évènements liés à la chute que j’enregistre sur des cassettes audio ; j’assemble des objets du quotidien pour créer des installations en suspens ; je fais des photomontages de chutes issues de l’histoire de l’art ; je recueille des récits de chute que je retranscris ; … Ces différentes entrées me permettent de parler du lâcher-prise, de la peur du vide, du suspens chorégraphique de ce(ux) qui tombe(nt).
Point d’arrêt reçoit le soutient : Institut français + Ville de Nantes (2024) ; Aide individuelle à la création de la DRAC des Pays de la Loire (2022) ; Aide au projet de création arts visuels de la région des Pays de la Loire (2022).
Résidences : BLAST, Angers (2023) ; La Générale, Paris (2023) ; Lolab, Nantes (2023) ; Institut Français de Cluj, Roumanie (2024)