Le Rouge n’est peut-être pas une couleur : et si c’était plutôt un son ? Une matière ? Une texture stridente ? Un goût ? Une odeur ? Grain à grain, point par point, marque à marque : le Rouge devient le cri du Coq, l’heure où les fantômes nocturnes peuvent mourir. Le Rouge n’est pas philanthrope. Misanthrope ? Non.
Morsure.
Cils et paupières rongés, crampes dans les doigts. Epines dans le dos, aujourd’hui. La pupille ne parvient pas à s’installer ici : les surfaces sont secouées de spasmes colorés ; elles grognent.
TRAVERSER
Assagir la main, la dompter, lui faire accepter le Rouge.
Dissolution des yeux dans les lacs écarlates de la feuille ; le regard se brouille et l’esprit, désorienté de tant de points, de secondes, de pigments, de tous ces sons…l’esprit vibre et tremble au fil des heures.
Pourtant la main reste plutôt ferme.
Colonie d’aiguilles rouges. Œil transparent –– transpercé – dissolu.
Sacré rouge: la Perte et le Sablier…notes de travail 2008 :
Avancer en équilibre sur un fil coupant : celui de la lisibilité, qui tranche dans le superflu, tente de marquer sa frontière avec le Littéral…Il ne faudrait pas céder au spectateur : je sais qu’il voudrait que je le rassure ; mais non ! Je ne lui donnerai que l‘incertitude et l’inquiétude. Il n’y aura plus de titre clair, plus de dispositif redondant d’appel au réel, plus d’indication ou de mode d’emploi. Les concessions doivent cesser, plier, se mettre à genoux devant la rigueur du Dessin et ma propre incertitude. Regardeur : je ne veux plus t’apaiser ni t’apprivoiser. Maintenant, je vais vouloir t’échapper…
Dessiner, c’est s’affranchir d’une certaine forme de Temps : activité de retrait, d’astreinte, de dégagement. Vers la tranquillité et vers la folie : poser les limites spatiales et le calendrier graphique de son propre désert. Silence. Creuser sans fin, comme dans Le terrier, et finir pas rencontrer Ses résonances. Il y a-t-il autre chose à faire ?