À l’invitation de l’Abbaye de Fontevraud, Jacques Halbert réalisera le samedi 17 juillet 2010 un diner/performances pour 150 convives. Il passera ainsi du tableau à la table puisque les plats servis seront aux couleurs de sa peinture, le bleu, le rouge et le vert, qu’il utilise inlassablement pour peindre ses cerises sur le fond bleu de ses toiles depuis maintenant trente cinq ans. Un repas coloré, clin d’œil, aux traiteurs coloristes, Dorothea Selz et Antoni Miralda, artistes liés au Eat Art, mouvement qui, sous l’impulsion de Daniel Spoerri à la fin des années 1960, met à l’honneur le repas, la nourriture, l’aliment au cœur de la création artistique. Mais Jacques Halbert ne s’arrêtera pas seulement à la coloration des aliments, l’artiste est avant tout un peintre. Et il proposera aux convives une expérience singulière où les mélanges et les liquides ne seront pas sans rappeler ceux de la peinture.
La nourriture a toujours accompagnée l’œuvre de Jacques Halbert. En 1976, il fait du Pollock avec de la confiture, réalise « un pain peint », vend ses tartelettes et ses toiles sur sa galerie cerise – son musée nomade – qu’il promène à travers les vernissages artistiques et dans l’espace public à la rencontre des gens. Dernièrement en 2005, il crée les « peintures gratinées », des toiles recouvertes d’acrylique et de gruyère râpé qu’il met dans sa gazinière comme on enfourne un plat. La part de jeu est évidente et le résultat est implacable car il y a bien dans cette action, un véritable rapport à la peinture – à la matière, aux couleurs, aux contrastes – et où le noir du gruyère carbonisé par la cuisson y trouve tous ses éclats. L’ironie ici a de l’audace et la peinture a le mérite d’y trouver encore et encore sa place.