Au printemps 2013, à Malakoff pendant deux mois, 5 jours par semaine, habillée en civile, j’assure une maintenance. Le planning à la semaine appelé Manifestations solitaires est focalisé sur des activités d’occupation. L’action consiste principalement à entretenir 85 massifs de fleurs de la commune, à raison de 17 par jour. Également à aller dans un jardin partagé où je m’occupe de terrains collectifs mais aussi à la piscine, au marché… Ces activités de loisir, réunies dans un programme dense et structuré comme un emploi du temps de salarié, je m’emploie à les exécuter avec zèle. Seules les rencontres m’en distraient. Les réactions qu’elles engendrent sont mémorisées et consignées chaque midi et chaque soir.
Rien ne dit que je suis artiste, surtout pas moi. La visibilité des gestes et des parcours vient de leurs répétitions et de leurs inscriptions dans la durée. Avec le flou qui entoure mon statut, l’engagement bienveillant devient le lieu d’une tension. Naît alors un questionnement sur l’appropriation de l’espace public et la distinction qui peut s’opérer avec un espace communautaire. (Rappelons que les espaces communaux, par l’intermédiaire des assemblées communales qui les ont pilotées, ont été avant la révolution française le lieu d’une pratique d’élaboration politique du bien commun et certainement le lieu d’une construction et d’un apprentissage de la démocratie.)
Au jardin partagé des Nouzeaux où je vais toujours, certains membres de l’association se sont mobilisés pour m’attribuer une parcelle individuelle.
L’intégration est un vrai cadeau. Je suis obligée de rester !
D’après l’action :
LES MANIFESTATIONS SOLITAIRES
15 avril > 14 juin 2013
Résidence : Maison des Arts de Malakoff
Livre – 128 pages – Edité à 300 ex.
par la Maison des Arts et l’AAMAM