L’hiver à Saint Florent étaient magnifique
Les lumières matinales transcendaient la Loire, et m’invitaient à arpenter ses terres
grasses. À l’atelier chaque matin je traçais une boucle sur la carte
au 25000ème, puis je partais en exploration, à la découverte de ce
paysage majestueux. Ces chemins parcourus me serviraient ensuite à dessiner un
ensemble de sculptures, en acier et argile du Fuilet. Le paysage devenait un sujet en
mouvement, un matériau à modeler. Sur les terres de Julien Gracq, qui avait élevé
la promenade au rang des arts littéraires, je cherchais un compagnonnage à ses
écrits par la sculpture.
Depuis longtemps un sujet important dans ma pratique, le paysage prenait ici
physiquement corps dans les objets que je façonnais.
La lumière âpre et coupante du matin à l’atelier dans l’abbaye m’incitait à un nouvel
engagement dans le dessin, sur le papier, et je m’y plongeais pleinement. De
nombreux objets apparaissaient et de nouveaux chemins se dessinaient, s’ajoutant
à ceux déjà reconnus, pour de nouvelles formes que je débroussaille encore depuis.
Le temps de résidence est pour un artiste, une durée entre parenthèses, un moment
de moindre confort, où l’on doit plus encore inventer son quotidien, chercher ses
outils, trouver sa place. Il permet d’élaborer de nouvelles recherches et met en
place les fondations pour des réalisations ultérieures, à l’atelier, sans doute plus
ambitieuses et plus complexes, mais dictées par ce moment si riche et singulier.