Entertainment, 2007

Le château de sable, jeu enfantin par excellence, se distingue par sa proverbiale éphémérité. Le blockhaus, un autre genre de château, qu’on trouve aussi sur les plages et qui est aussi fait de sable, a une pérennité de mégalithe.
Par son origine, le blockhaus où se tient l’activité du HUB, par extension lieu de sa collaboration avec Tripode, est à l’évidence «chargé d’histoire». On ne bombarde plus guère à Nantes de nos jours, le blockhaus abandonné rejoint donc les usines désaffectées et les chapelles vides au rang des lieux ou s’épanouit la mauvaise herbe artistique, un procédé bien pratique, la sphère culturelle assurant à moindre frais la gestion de ces espaces encombrants mais néanmoins indispensables à toute civilisation qui se regarde le derrière : le très saint et très coûteux patrimoine.
Le blockhaus, scorie d’un passé plus fâcheux, fait figure de mouton noir dans ce troupeau de vénérables vestiges. La proposition a pour objet de lui racheter une conduite, en le parant d’oripeaux artistiques en même temps que d’un merveilleux déguisement de château fort, le patrimoine préféré des enfants.
Entertainment signifie «divertissement», par extension, loisir. Pour la plupart de nos contemporains, la culture est un loisir. Divertissement, synonyme de distraction, vient de divertir. Divertir c’est attirer l’attention  pour amuser, pour distraire. Distraction peut se dire «diversion» en anglais. En français, on crée une diversion pour détourner l’attention. Et qui parle de divertissement et d’attention se souviendra avec intérêt des déclarations d’un certain dirigeant d’une certaine chaîne de télévision à un certain journal à propos de ses relations avec une certaine marque de soda.
La culture, tout le monde le sait, ça sert à vendre du Coca Cola.
Les propriétaires de blockhaus désireux de valoriser ainsi leur patrimoine sont priés de bien vouloir adresser leur demande écrite au siège de l’association, qui transmettra.
JAG