Estuaire, 2009

Vincent Mauger

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Vincent Mauger, 2009, Estuaire 2009, Nantes
Vincent Mauger, «Estuaire», 2009, photographie : Stephane Bellanger
Vincent Mauger, «Estuaire», 2009, photographie : Stephane Bellanger
Vincent Mauger, «Estuaire», 2009, photographie : Stephane Bellanger
Vincent Mauger, «Estuaire», 2009, photographie : Stephane Bellanger
Vincent Mauger, «Estuaire», 2009, photographie : Stephane Bellanger
Vincent Mauger, «Estuaire», 2009, photographie : Stephane Bellanger
Vincent Mauger, «Estuaire», 2009, photographie : Stephane Bellanger
Vincent Mauger, «Estuaire», 2009, photographie : Stephane Bellanger
Vincent Mauger, «Estuaire», 2009, photographie : Stephane Bellanger

Estuaire, 2009

Lieu Unique Nantes commissionership Jean Blaise / David moinard / Patricia Buck

Installation in situ, bois et contreplaqué.

VINCENT MAUGER

Les œuvres de Vincent Mauger développent des logiques paradoxales. Études liées à I’ espace, au volume, à l’architecture, elles s’incarnent en installations in situ, objets-sculptures autonomes, déploiements graphiques ou projections vidéo. Elles ont toutes en commun cette capacité à osciller entre plusieurs référents, entre plusieurs problématiques de représentation.

L’un des enjeux de ce travail se situerait précisément entre matérialisation et dématérialisation de l’objet. Vincent Mauger propose des va-et-vient constants entre construction volumineuse (plaisir d’exploration du matériau, défi du chantier parfois monumental) et légèreté virtuelle. Dans les effusions numériques de l’ère contemporaine, il réintroduit du jeu, couplant une dimension plus primitive, un imaginaire plus artisanal à la sophistication des logiciels 3D. L’installation Sons titre zoo7, présentée en zoo8 à la galerie LH, confirme ce pouvoir d’hybridation : des lignes souples sculptent la surface alvéolaire de tubes de PVC assemblés verticalement, et cet ensemble convoque instantanément son double modélisé, sa représentation virtuelle. Le système de construction (basé sur la multiplication, le foisonnement) permet de poursuivre mentalement la pièce, d’en imaginer les prolongements bien au-delà du lieu d’exposition, dans une dynamique de l’expansion et de I’ envahissement. Dans un esprit proche, l’artiste présente en zoo8 au Frac des Pays de la Loire une sculpture dont la surface happe le regard par ses couleurs électriques. Ondulante, elle pose légèrement ses incurvations au sol, comme flottant. Dans cette construction empirique, réalisée sans schéma ni modélisation antérieurs, Vincent Mauger expérimente le plaisir d’un principe de composition simple. Le module fondamental (la gaine PVC traditionnellement employée en plomberie) est utilisé ici comme une sorte de brique, un Lego. Cet assemblage basique, complètement artisanal, flirte cependant avec I’ idée que « l’ensemble ait l’air numérique », rejoignant alors la qualité d’une surface virtuelle hybride, un fragment de paysage, un agglomérat effervescent, un maillage textile, une colonie corallienne.

Certaines installations s’affranchissent davantage de la référence aux logiciels de vectorisation. Les images qu’elles font surgir demeurent indécises, à l’exemple de ce paysage de papier où le relief montagneux rejoint la surface de la mer, fragmentée à I’ infini (Sans titre 2006, installation in situ à la chapelle du Bélian, où Vincent Mauger emplit I’ espace de feuilles A3 froissées en boule); ou encore ces machines rétro-futuristes improbables pour voyages à démonter le temps et accélérer l’espace (Cravity is dead, où un escalier hélicoïdal s’enchâsse tautologiquement dans un dispositif complexe de rotation ; Hardrocking chair extreme, où une chaise à bascule mutante effectuer une révolution à 36o degrés). Bouleversant souvent les échelles et les usages, les sculptures de Vincent Mauger tracent ainsi leur sillage des pistes d’interprétation multiples. Autant d’espaces, mentalement habitables, offerts au visiteur comme des rêves en suspens.

Eva Prouteau