Vincent Mauger
« de pierre et de bois »
A la zénitude des pierres « posées » par Vincent Mauger sur les eaux du pédiluve de la cour de la ferme fait écho la grande sphère de bois du parc historique.
Par Guillaume Morel pour connaissance des arts
Installée dans les eaux sages du pédiluve, au milieu de la cour de la Ferme, la première des deux œuvres de Vincent Mauger (né en 1976 à Rennes) ne se voit pas d’emblée. En pénétrant dans le domaine, dans le prolongement de l’entrée, le visiteur est d’abord accueilli par les trois grandes figures de bronze du poète et sculpteur chinois Ma Desheng. Il faut ensuite s’approcher au bord du bassin pour découvrir les îlots de pierres « posées » à fleur de l’eau par l’artiste. Chaque galet est gravé, scarifié. « Je souhaitais partir d’éléments simples et naturels, pour redessiner une géométrie, au travers d’une trame discrète, un maillage qui évoque le jeu graphique d’un espace numérique ou mathématique « explique Vincent Mauger, dont tous les travaux sont guidés par une même démarche, « matérialiser un espace mental, pour lui donner forme et présence ». La deuxième installation est une sphère de six mètres de diamètre, installée dans le parc historique, sous les cèdres centenaires, à mi-chemin entre les écuries el le château. Très complexe, cette structure monumentale résulte d’un travail d’assemblage de barres en bois brut croisées à angle droit, dont les extrémités sont coupées en biseau. < De loin, cela crée une forme qui se termine en douceur et s’inscrit en harmonie avec l’environnement. De près, les pointes induisent une certaine dangerosité. Je ne voulais pas d’un conflit, d’un objet qui soit simplement posé dans le paysage. Le cadre accentue le côté moyenâgeux de la sculpture et renforce I’ aspect naturel de sa forme » précise l’artiste. Habitué des installations en plein air (dans le cadre du Voyage à Nantes en 2014, à l’occasion de la Fiac hors les murs au Jardin des Plantes et au jardin des Tuileries à Paris en 2015 et 2016…), le jeune homme a imaginé pour Chaumont-sur-Loire une forme géométrique solide, dense, mais ouverte. Ses interstices laissent passer la lumière et ménagent des points de vue sur l’architecture, le parc, la Loire qui coule en contrebas. Si des simulations 3D ont été réalisées en amont, l’œuvre a évolué sur place, au cours de son élaboration et de son installation avec les équipes du domaine. « ll fallait être à l’écoute, attentif à ce qui se passait, voir comment les choses réagissaient » , explique-t-il. Qu’il s’agisse de son intervention dans le pédiluve, dont Ia beauté minimaliste n’est pas sans rappeler l’esprit et I’esthétique des jardins japonais, ou de cette construction à la fois douce et hérissée, le travail de Vincent Mauger est à son image. Délicat et discret.