– Les cahiers étalés sur la table.
– Le soufflement sourd de la climatisation.
– Mes pieds nus sur la moquette.
– La montagne rousse, derrière la baie vitrée, en automne, les pots de fleurs alignés sur la terrasse.
– Le « ding dong » musical et limpide de la sonnette.
– L’apéritif, sur la table basse avec les voisins ou les amis, l’empreinte ronde et grasse des verres sur le marbre.
– Claude lisant son courrier, couchée sur le dos, à même le sol.
– Ma mère allongée sur le divan.
– Leurs conversations, le rire de Claude.
– La lumière tamisée, le soir.
– Les repas, dans la salle à manger, la musique, en sourdine, le cliquetis des couverts ; l’argenterie, les assiettes en porcelaine.
– Ma mère téléhonant, assise sur un accoudoir du canapé, ses discussions interminables.
– La chasse aux mouches, avec l’embout de l’aspirateur, les insectes qui se heurtent aux vitres, affolés.
– Faustine s’activant dans la maison, l’odeur des produits d’entretien, le bruit assourdissant de l’aspirateur.
– Le chat effarouché, traversant rapidement la pièce pour se cacher sous un meuble.
– Les séjours d’Odette à la maison : le canapé-lit ouvert, les fauteuils entassés devant la porte.
– Les interminables monologues d’Odette.
– Laurent et moi, cachés derrière la porte entrouverte, pour l’observer, nos fou-rires.
– Les ronflements d’Odette, la nuit.
– Ma mère arpentant le couloir en chemise de nuit, sans lunettes, échevelée, ses soupirs exaspérés.
– Les colères d’Odette, ses départs intempestifs.
– Les visites de Laure, ses ricannements suraigus, sa voix traînante, ses vêtements élimés et son odeur de vieux cigare, ses crises d’hystérie.
– Mademoiselle Gréa attablée au salon, fumant une « Dunhill ».
– Sa voix douce, son parfum délicat, son regard bleu protecteur, ses jambes croisées.
– La baie vitrée ouverte, l’été, la chaleur , sur la rerrasse, la lumière aveuglante.
– Les après-midi passés à improviser des pièces de théâtre, avec Christophe et Isabelle.
– Le désordre, dans le salon, les colères de ma mère, les reproches, rabâchés pendant des heures.
– Les visites de mon père, sa toux sèche.
– La fumée, flottant au dessous du globe du lampadaire.
– Les retours de Lyon, la nuit, les casse-croûtes, dans la cuisine, à trois heures du matin.
– Les dimanches matin, l’agitation, mon père pressé de repartir, les disputes.
– Ses déclarations grandiloquentes, ses gestes d’exapération théâtralisés.
– Le silence de ma mère après son départ.
– Le salon, encore imprégné de l’odeur de cigarette.
– Le lit défait.
– La lumière inondant la pièce, les particules de poussière flottant dans la lumière.
– Ma mère allongée sur le canapé, ses lunettes posées sur la moquette, les médicaments, sur la table de marbre.
– Mes fuites dans la montagne, les sentiers pierreux, le craquement sec du bois mort.
– Les coup de fusil, au loin, l’aboiement d’un chien.
– Le village, en contrebas, ramassé autour du château blanc.
– L’odeur de sève, les champignons sur les troncs.
– Le soleil, derrière les feuillages, le clapotis d’une source, l’air vif.