La série de toiles Ils flottèrent jusqu’à ce que leur présence s’éclipse, a été réalisée sur le Traict du Croisic, dans le Morbihan. Trois morceaux de tissus en coton y ont été déposés et laissés pendant une semaine. Il s’agit d’une série dont le caractère multiple témoigne de la dimension cyclique et perpétuelle de la marée. Sur les tissus se sont imprimées les traces de ce mouvement continu preuve d’un temps immuable que l’Homme ne peut ni dompter, ni vaincre.
Travailler in-situ, par rapport à la spécificité d’un site, est une manière pour moi d’établir un lien tangible avec le paysage. Le processus pictural consiste alors à trouver l’équilibre entre le laisser-faire et le moment d’intervention. Le paysage n’est plus un panorama que je regarde, c’est un espace dans lequel une expérience est vécue.
De cette expérience il reste des témoins tâchés, froissés et parfois déchirés, sortes de photographies du site. Du scintillement des fragments de mica aux traces de rouille d’une ancre échouée, des formes se dessinent reconstituant des paysages abstraits. Le paysage est devenu un matériau à manipuler, dont la multiplicité des couleurs et des textures fascine.