Importe la route est une série de photographies de performances réalisées lors d’une résidence en haut du mont Lozère.
Le Mont Lozère étant loin de tout, j’ai choisi de travailler avec de la bâche de protection de chantier, légère et facile à transporter dans un sac à dos.
La force de l’environnement était telle que je me suis retrouvé à travailler en m’inscrivant dans celui-ci.
A l’atelier, ça faisait plusieurs années que j’essayais de réaliser une installation avec cette bâche, sans parvenir à un résultat satisfaisant. Ce qui m’intéresse dans ce matériau en dehors de sa fonction originelle, c’est sa réactivité au mouvement d’air, sa fragilité, sa sensibilité.
Ce que la photo fait aux actions, la bâche le fait au vent qui la modèle.
Elle nous montre la solidité de l’air.
L’air a une ombre.
L’air est translucide.
L’air est solide.
La combustion des corps se trouve épaissie et figée.
Le vent existe dans la combustion atmosphérique des corps,
il en révèle l’effort et l’ossature.
Toute forme unique est continuée par le vent.
Le mouvement la précède.
Ce qui est limpide et immobile est illusoire.
Nous n’existons que dans l’effort.
Mon corps est ce matériau, je ne suis que ça.
Il ne sert qu’à montrer ce que cela fait.
Montrer quelque chose, c’est d’abord avoir une sensation.
On ne peut pas démontrer une sensation, on ne peut que la montrer.
Une sensation, c’est ce que le monde me dévoile.
Le sens que les formes ont, procède d’abord de sensations, et non de théories.
Ce travail affirme la sensualité de cette compréhension.