Je ne suis pas sûre d’être là, 2015

Caroline Molusson

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Prise de vue : Joaquin Munoz Serrano

Je ne suis pas sûre d’être là, 2015

Galerie Art et Essai de l'Université de Rennes 2 Rennes

La performance Je ne suis pas sûre d’être là a été jouée à Rennes à la Galerie Art et Essai en octobre 2015.
C’est un travail tout en tension, sur le fil, la possibilité du risque permanent. Cette performance évoque les mythes fondateurs, les gestes primitifs et convoque les ancêtres. La performeuse oscille entre maîtrise et fragilité, tension et force. Le géant et le minuscule, la chaleur et l’énergie se déploient. L’espace s’agrandit et se rétrécit au fil des mouvements. Selon Yvonne Rainer la performance est un acte qui lui permet de s’éprouver comme un individu à part entière.
Ici un extrait du texte d’Ilan Michel sur la performance Je ne suis pas sûre d’être là :
“La performeuse se tenait là. Sa présence physique était palpable mais son regard transperçait les cloisons. C’était un choix étrange pour ce genre d’action, surtout un soir de vernissage. La plupart des convives avait privilégié le buffet à l’extérieur de la galerie. Les téméraires n’étaient pas plus d’une dizaine. Dans la proximité de ce corps, les contours devinrent vaporeux. L’âcreté de la peau se fit sentir. Les mouvements furent minimes, répondant aux souffles des convives. On n’était pas certain de l’avoir vu bouger. Pourtant cette lenteur était une danse. Les gestes étaient ponctués de silence. Puis, d’un coup, le déplacement se fit rapide. Des allers-retours aux allures domestiques mimèrent des trajets intérieurs. La salle se modifia en permanence. Des arrêts sur image flashèrent notre cerveau comme un stroboscope. La performeuse défit les fils que les regards avaient tendus sur ses os. Elle avait prévenu qu’elle n’était pas sûre d’être là. Nous non plus d’ailleurs, tant l’effervescence dilatée de l’inauguration contrastait avec ce moment de recueillement et de concentration. N’étaient-ce pas les premières minutes de l’éveil au sortir d’une nuit agitée ? Ce corps était si proche. Les rêveurs l’avaient déjà vu s’éloigner en pensée et c’est comme si l’épisode se reproduisait une seconde fois dans la moiteur des draps. Les paupières restèrent closes encore quelques secondes dans une tentative risquée de le retrouver. Le malaise envahit leur épiderme comme du givre quand ils prirent conscience qu’ils avaient saisi une ombre.”