L’éphémère et l’éternel, 2023

Hélène Delépine

1/23
Hélène Delépine, «L’éphémère et l’éternel», 2023, photographie : Hélène Delépine © ADAGP, Paris, 2024
Hélène Delépine, «L’éphémère et l’éternel», 2023, photographie : Hélène Delépine © ADAGP, Paris, 2024
Hélène Delépine, «L’éphémère et l’éternel», 2023, photographie : Hélène Delépine © ADAGP, Paris, 2024
Hélène Delépine, «L’éphémère et l’éternel», 2023, photographie : Hélène Delépine © ADAGP, Paris, 2024
Hélène Delépine, «L’éphémère et l’éternel», 2023, photographie : Hélène Delépine © ADAGP, Paris, 2024
Hélène Delépine, «L’éphémère et l’éternel», 2023, photographie : Hélène Delépine © ADAGP, Paris, 2024
Hélène Delépine, «L’éphémère et l’éternel», 2023, photographie : Hélène Delépine © ADAGP, Paris, 2024
Hélène Delépine, «L’éphémère et l’éternel», 2023, photographie : Hélène Delépine © ADAGP, Paris, 2024
Hélène Delépine, «L’éphémère et l’éternel», 2023, photographie : Hélène Delépine © ADAGP, Paris, 2024
Hélène Delépine, «L’éphémère et l’éternel», 2023, photographie : Hélène Delépine © ADAGP, Paris, 2024
Hélène Delépine, «L’éphémère et l’éternel», 2023, photographie : Hélène Delépine © ADAGP, Paris, 2024
Hélène Delépine, «L’éphémère et l’éternel», 2023, photographie : Hélène Delépine © ADAGP, Paris, 2024
Hélène Delépine, «L’éphémère et l’éternel», 2023, photographie : Hélène Delépine © ADAGP, Paris, 2024
Hélène Delépine, «L’éphémère et l’éternel», 2023, photographie : Hélène Delépine © ADAGP, Paris, 2024
Hélène Delépine, «L’éphémère et l’éternel», 2023, photographie : Hélène Delépine © ADAGP, Paris, 2024
Hélène Delépine, «L’éphémère et l’éternel», 2023, photographie : Hélène Delépine © ADAGP, Paris, 2024
Hélène Delépine, «L’éphémère et l’éternel», 2023, photographie : Hélène Delépine © ADAGP, Paris, 2024
Hélène Delépine, «L’éphémère et l’éternel», 2023, photographie : Hélène Delépine © ADAGP, Paris, 2024
Hélène Delépine, «L’éphémère et l’éternel», 2023, photographie : Hélène Delépine © ADAGP, Paris, 2024
Hélène Delépine, «L’éphémère et l’éternel», 2023, photographie : Hélène Delépine © ADAGP, Paris, 2024
Hélène Delépine, «L’éphémère et l’éternel», 2023, photographie : Hélène Delépine © ADAGP, Paris, 2024
Hélène Delépine, «L’éphémère et l’éternel», 2023, photographie : Hélène Delépine © ADAGP, Paris, 2024
Hélène Delépine, «L’éphémère et l’éternel», 2023, photographie : Hélène Delépine © ADAGP, Paris, 2024

L’éphémère et l’éternel, 2023

bois de châtaignier et de peuplier, visserie et élingues inox, céramiques en grès chamottés, technique de modelage à la plaque 460 × 170 cm Abbaye royale de Fontevraud Fontevraud-l'Abbaye invited by Région des Pays de la Loire résidence et exposition commissionership Emmanuel Morin

Je me suis intéressée aux récits, hypothèses et faits qui composent et construisent l’histoire de l’Abbaye. En m’attachant plus particulièrement aux cuisines romanes, j’ai découvert que l’histoire du site se constitue par couches et bribes parmi lesquelles il semble parfois possible de faire cohabiter réalité et fiction. Le lieu déploie également d’autres relations ambivalentes m’ayant intéressée dans leur capacité à créer des ambiguïtés ou des contradictions. Par exemple, celles entretenues entre le connu et l’inconnu, le visible et le caché, la présence et l’absence, le contemporain et l’ancien, le partiel et l’entier, la symétrie et l’asymétrie, ce qui est et ce qui aurait pu être… Dans le prolongement de cette idée, la possibilité pour le lieu d’avoir pu connaître une autre destiné m’a passionné.

Dans l’hypothèse où le site aurait pu être un lieu de pèlerinage (si la volonté du fondateur de l’Abbaye d’être inhumé parmi ses semblables dans un lieu commun à Fontevraud avait été respectée), j’ai imaginé une forme d’édifice pouvant être à la fois une architecture funéraire, une lanterne des morts, un échafaudage ou une simple tour. Ce monument est pensé comme une structure s’articulant sur la base de l’octogone, une figure géométrique que l’on retrouve dans plusieurs éléments architecturaux de l’abbaye, notamment les cuisines romanes, les flèches et les tourelles. Dans la symbolique chrétienne, cette forme est reliée à la croyance d’un autre espace temporel qui marquerait une forme d’éternité.

J’ai choisi d’habiter cette construction de plusieurs sculptures en céramique. Réalisées à partir d’un travail de collecte photographique puis de dessin, elles peuvent être issues d’éléments partiels ou entiers. Elles sont autant d’indices convoquant différentes échelles et plusieurs points de vue pris de l’Abbaye de Fontevraud, m’ayant intriguée par leur particularité. La plupart d’entre elles conservent un aspect brut qui rappelle le tuffeau, la pierre locale. Les sculptures les plus hautes possèdent un revêtement opalescent évoquant la nacre, un matériau employé dans les usines par les prisonniers confectionnant les boutons durant l’époque carcérale de l’Abbaye. Placées au plus haut de la structure, elles en sont le fanal. D’autres situées plus bas sont recouvertes d’un émail fait à base d’argile sédimentaire verte récoltée dans la forêt de Fontevraud à l’occasion d’une randonnée, s’inspirant du voeu de Robert d’Arbrissel d’être «enterré dans la boue de Fontevraud». La sculpture noire reprend la sombre silhouette des toits de l’abbatiale que je contemplais dans la lumière du levant depuis la chambre dans laquelle je logeais, située au-dessus de la porte d’entrée.

Ce dispositif a la volonté d’établir une synthèse tout en sachant qu’elle est vaine et irrationnelle. C’est une recherche menée à la frontière des territoires de l’imaginaire, de la perception, du souvenir et de la représentation mentale.

Il s’agit ici de présenter une découverte, quelque chose s’étant construit en rapport au lieu, à l’expérience que j’en ai faite et ainsi, confronter quatre points qui s’articulent dans des temporalités connexes ou éloignées : ce qui a été vu, ce qui reste, ce qui a existé, ce qui est.

L’éphémère et l’éternel rend hommage à ce qui disparait et demeure, à ce et ceux qui reste(nt).