[…sans titre, (2003 et 2005)
Deux vidéos de 2003 et 2005 constituent des versions accélérées de ces suspens matériologiques… Elles mettent en scène des espaces parallèles libérés de la pesanteur qui régit habituellement nos lieux habités. Des phénomènes extraordinaires prennent place dans des pièces vides de maisons standards. La première vidéo est une vue frontale d’une salle de bain. Le mur du fond est progressivement recouvert d’un liquide blanchâtre qui forme très vite une véritable paroi opaque avançant frontalement jusqu’à recouvrir inéluctablement la pièce. Après cette disparition totale de l’image par recouvrement, la paroi se retire doucement et s’efface en laissant le carrelage bleu des murs impeccablement nets, sans trace de son passage. Dans la seconde vidéo, un phénomène encore plus discrètement extraordinaire fige une pièce dans un mouvement perpétuel. Une chambre en soupente est vide et seulement éclairée par une ampoule au plafond, ses murs sont jaunis et le parquet usé. Un tas de poussière, animé par une force autonome, glisse sur tous les pans de la pièce en un mouvement cyclique, fluide et unitaire.
Ces espaces fantomatiques semblent extraits directement de divagations portées par de vagues souvenirs d’espaces au temps suspendu. Les subterfuges élaborés avec une relative simplicité technique, (une maquette d’un décor réaliste et la lecture inverse d’une séquence), donnent réellement l’illusion cinématographique de phénomènes surnaturels dont aucune explication technique ne dissipe la poétique topologique…]
extrait de Partir d’un endroit où l’on arrive jamais, texte de Emilie Renard