La table : un territoire jubilatoire, extrait du texte de Pierre Giquel, Tout ce qui vit… pour le catalogue La Maison où j’ai grandi.
2002 , c’est l’année où apparaissent les premiers repas. Le protocole veut qu’après réception de recettes inscrites sur des cartes postales qui lui sont adressées et dont elle fait collection depuis des années, un repas réunisse un ensemble de convives autour de ce plat. Une photographie de ce moment témoigne de ce rendez-vous culinaire, agrémenté de la présence de la carte prétexte et clin d’œil. Ensuite un set de table est élaboré avec l’image et à son dos le texte et la recette du dit plat. A ce jour le nombre est impressionnant et semble ne jamais devoir se tarir. Un peu comme ce vin de jouvence qui accompagne immanquablement ces généreuses dérives autour de la table.
En effet, pour qui vit dans leur proximité, la table est pour Béatrice et sa famille une plateforme où s’échangent les idées, où s’expriment les passions, où l’abondance n’est jamais en deuil de nouvelles trouvailles, où les mots ont des couleurs qui clignotent, où de nouveaux invités sont toujours accueillis, où prolifèrent les saveurs, les fureurs et les déclarations délicates, entre deux chansons choisies adroitement par Michel Gerson, le compagnon attentif et frondeur. Ce territoire là, jubilatoire, figure en bonne place, l’invitation s’ouvrant vers d’autres tables, selon le même rituel.