Les Sémaphores, 2019

Vincent Mauger

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Vincent Mauger, «Les Sémaphores», 2019, photographie : Franck Tomps
Vincent Mauger, «Les Sémaphores», 2019, photographie : Franck Tomps
Vincent Mauger, «Les Sémaphores», 2019, photographie : Franck Tomps
Vincent Mauger, «Les Sémaphores», 2019, photographie : Franck Tomps
Vincent Mauger, «Les Sémaphores», 2019, photographie : Franck Tomps
Vincent Mauger, «Les Sémaphores», 2019, photographie : Franck Tomps
Vincent Mauger, «Les Sémaphores», 2019, photographie : Franck Tomps
Vincent Mauger, «Les Sémaphores», 2019, photographie : Franck Tomps
Vincent Mauger, «Les Sémaphores», 2019, photographie : Franck Tomps

Les Sémaphores, 2019

Ensemble de 5 belvédères, 8 mx 4,5m x 9 m, bois de chêne et acier galvanisé.

«La démarche Eau et Paysages, lancée par le Pôle métropolitain en 2014, a souligné l’importance de prendre de la hauteur pour mieux révéler les paysages. C’est pourquoi le Pôle métropolitain Nantes Saint-Nazaire, suite à une consultation artistique en 2017, a sélectionné l’œuvre « Sémaphore » imaginée et conçue par l’artiste Vincent Mauger avec les ateliers Perrault Frères et ECSB.
S’inscrivant dans l’esprit de la collection Estuaire du Voyage à Nantes, cinq exemplaires de l’œuvre rythment les parcours cyclables entre Nantes et Saint-Nazaire, offrant différentes « vues sur Loire » à 5 mètres de hauteur, entre réserves naturelles fragiles et bâtiments industriels gigantesques.»

Le parcours Sémaphores

. quai Émile-Cormerais, sur le site de Roche-Maurice à Saint-Herblain
. sur l’île de la liberté à Couëron
. entre le hameau de l’angle et la Loire à Saint-Étienne-de-Montluc
. au lieu-dit du Pré du bec à proximité du canal de la Taillée, à Donges
. rue de l’Aviation, à Saint-Nazaire

Ma proposition d’ordre sculptural est composée de belvédères en bois évoquant par leur forme différents univers visuels et conceptuels en rapport avec les contextes des sites d’implantation. Elle constitue une transition entre l’espace paysager, la fonction de ces belvédères ainsi que le cadre d’utilisation de ces derniers. Je souhaite souligner cette continuité entre mon projet et le projet paysager des différents sites.

La silhouette des belvédères ainsi que leur structure rappellent visuellement tout à la fois de nombreuses formes naturelles et végétales tels des arbres, d’immenses herbes ou graminées, des formes animales tels les rémiges des oiseaux, les ailes d’un papillon, la queue déployée d’un paon mais également des constructions légères comme l’ossature d’une tente, d’un tipi, d’une tour d’observation, d’un moulin. J’ai souhaité que ces tours, outre leur fonction d’observation génèrent également dans l’esprit du promeneur une multitude d’images positives en adéquation avec leurs cadres d’implantation et renforcent la lecture et la perception de ce contexte naturel riche.

Le système de montage de ces belvédères se structure autour de deux axes de rotation principaux à partir desquels l’ensemble des montants converge tels les rayons de roues autour de moyeux. Ces tours évoquent ainsi discrètement leur fonction de halte pour les promeneurs à vélo. L’architecture de ces tours suscite l’idée de campement, de nomadisme, de dynamisme et la façon dont elles sont construites appuie cette idée. Ces constructions semblent pouvoir se replier aisément comme on le fait avec une structure nomade ou sur le principe d’une forme en éventail.

Les volumes sont constitués d’une succession de poteaux en bois espacés d’une façon régulière. Ces montants sont assemblés suivant un angle régulier de 15° les uns par rapport aux autres créant ainsi une forme ajourée au graphisme très riche. Cet assemblage de façon oblique permet de donner un aspect de mouvement à l’ensemble des montants et à leur surface, de créer ainsi un jeu optique d’ombre, de lumière et de matière. Cette proposition plastique est en adéquation avec l’esthétique et l’éthique des sites ; elle utilise un matériau naturel, le bois issu de forêts qui sont gérées durablement, label PEFC. Installées le long des parcours de promenade, ces œuvres contribueront à renforcer l’identité des sites. Des poteaux plus longs prolongent l’organisation structurelle des formes et décollent celles-ci du sol d’une façon dynamique. Ils permettent aux belvédères de grandes dimensions de paraître légers bien que le matériau les constituant soit très présent.

Les belvédères créent un espace très dessiné invitant le public à explorer les différents points de vue extérieurs et à les expérimenter en montant au sommet et en découvrant le panorama offert. Ils proposent également une série de lieux, d’escales accueillants comme peut l’être un grand arbre ou une grosse pierre au sein d’un parc ou d’un jardin. Ils deviennent un point de repère en proposant un espace propice à une pause et à un moment de détente.

Le nom de ces Belvédères, les sémaphores, évoque le système de communication par l’intermédiaire d’un code graphique et de signaux par le biais d’un système de drapeaux ou de structures mobiles. Ce nom vient en écho à l’aspect dynamique des tours et à leur fonction de repères visuels au sein du paysage.

Ces volumes ont une organisation interne très structurée qui contraste avec leur apparence extérieure. Cette fabrication de la sculpture fait écho à l’univers des sciences et de la technologie qui nous aide à concevoir notre environnement en nous permettant d’explorer et de chercher à comprendre les organisations internes et structurelles des formes et des volumes qui nous entourent. Ces œuvres créent un support métaphorique de l’enseignement et de la découverte de la nature et de ses principes qui nous permettent d’appréhender la complexité des choses par leur schématisation positive.

Les matériaux choisis sont simples : essentiellement du bois avec des systèmes de liaisons métalliques. Les montants en bois sont emboîtés dans des tubes métalliques permettant de cette façon un démontage et un remontage aisés sans altération des éléments de construction. Les bois choisis sont adaptés au contexte pour leur pérennité en milieu extérieur mais également pour leur aspect visuel en accord avec les sites. L’impact visuel léger et graphique de ces sculptures belvédères dans le paysage naît donc de leur forme à la fois surprenante et changeante suivant les points de vue. Les choix sont logiques et semblent naturels par rapport à la fonction de ces belvédères et pourtant la construction surprend par la richesse de sa forme et la multitude d’images suscitées. Le bois constituant les volumes va se patiner et griser au cours des années donnant à la sculpture un aspect se fondant de plus en plus au sein du paysage.