Réflexions
Zhu Hong prélève, au moyen de la photographie, des reflets et sources lumineuses. Taches de lumières, halos, éclats, irisations : quand la lumière rencontre l’eau, l’image se diffracte. Les couleurs se multiplient, les éventualités s’infinisent. Les éléments ne s’appréhendent plus que dans l’ondulation de la surface miroitante de l’eau.
Après avoir sélectionné plusieurs clichés, elle vient patiemment faire état de son regard non par la photographie mais à partir de celle-ci pour aller vers le dessin. Ce sont des instants que Zhu Hong fige sur le papier pendant de longues journées après les avoir captés au millième de seconde à l’aide de l’appareil photographique. Capter puis retranscrire. Le geste répétitif consistant à serrer une infinité de traits verticaux les uns contre les autres constitue une trame qui vient déréaliser l’image et tend vers l’abstraction. Parfois le crayon sait se taire, le contraste s’affaiblit pour dissoudre l’image source en un éblouissement. Patiemment élaborées, ces images sont un éloge au temps qui passe. À la lumière.
Zhu Hong interroge notre perception : jusqu’à quel point ce qui parvient à notre regard diffère de ce qui est devant nous ? Perception versus observation. Pour ce faire, elle éprouve toutes les caractéristiques du reflet. Image réfléchie, image miroir qui répéterait de façon opposée et à plat un espace un réel, c’est aussi une nuance qui apparaît sur la surface colorée de l’eau et qui varie selon l’éclairage. C’est enfin la lumière réfléchie par l’eau des rivières, atténuée, exacerbée. Bien entendu le vocabulaire élaboré ne propose pas la sécheresse d’un inventaire exhaustif mais atteint la fluidité des possibles.
Bertrand Charles