Georges Perec, dans son ouvrage Espèces d’espaces, nous préconise « d’observer la rue, peut-être avec un souci un peu systématique » et « de se forcer à voir ce qui n’a pas d’intérêt, ce qui est le plus évident, le plus commun, le plus terne ».
Le déclencheur de ce projet part d’un simple bouton trouvé à un arrêt de bus et de ces affiches A4 sur lesquelles les gens mettent une photo de leur chat perdu avec un numéro de téléphone. Ici, je me transforme en bureau des objets perdus pour de banals objets qui auraient été perdus par leurs propriétaires et qui pourraient leur manquer. En effet, quoi de plus ennuyeux qu’un bouton manquant ou qu’une paire de gants à laquelle manquerait un gant. J’ai créé une adresse mail afin que les personnes puissent me contacter afin de venir chercher leur objet perdu. Pour le moment, j’ai reçu trois mails : deux mails dans lesquels les personnes me remercient pour le dévouement et l’honnêteté que je porte à l’égard de ce bouton de chemise (ou de pantalon) et un mail plus poétique qui me demande de rapporter le morceau de bois retrouvé dans un parc.
Ce « travail pratique » (Perec) m’oblige donc à chercher sur les trottoirs et les caniveaux le plus banals des objets perdus pour le sauver d’une fin anonyme. Ainsi, je constitue mon cabinet de curiosité, héritage que ma fille aura à mon décès
Le 28 octobre 2024, je clos la série en trouvant, caché dans un cadre, un photogramme du film Les nuits fauves de Cyril Collard. Le jour même, un copain m’offrait le livre. Les morts me font encore des signes.
30 affiches de format A4 et 30 objets rangés dans une boîte à chaussure accompagné du livre Les nuits fauves de Cyril Collard (éditions Livre de poche).