Plus que le réel, ce qui intéresse Livia Deville, c’est l’image du réel. Son modèle, qu’il soit visage ou paysage urbain, est appréhendé au moyen de superpositions, reflets, jeux de miroirs. Ses tableaux sont peints d’après des photocopies agrandies de photographies. Cette procédure de distanciation du référent permet à la peintre de ne plus s’attacher qu’aux masses colorées, aux lignes, aux formes. L’image est vue pour elle-même et non pour ce qu’elle représente. Le triptyque « les portes » propose un agencement de plans complexes, accentué par la structure ternaire. Chacun des volets s’organise autour d’une ligne verticale noire qui répond à l’espace intermédiaire les séparant. Scandant la surface, ces verticales fixent l’image, l’arriment au premier plan et permettent aux transparences, aux reflets de se déployer. Le tableau s’élabore sur un brouillage de l’image, un aplatissement. Les différents plans ramenés à la surface se fondent en un seul. Celui du tableau. Sans quitter le réalisme, la figuration, Livia Deville poursuit l’interrogation moderniste de la surface.
Franck Lamy, critique et curateur /catalogue Projet cône sud (Frac île de France), 2004-2005
Couple et figure 1997-1999
Série de photographies prises de 1997 à 1999 ayant pour fil conducteur l’idée de couples, de figures superposées, ce que le LUBITEL permet de réaliser concrètement puisqu’il est possible de prendre plusieurs vues sur un seul négatif. Temps et Espaces multiples qui composent par rencontres hasard une nouvelle nature photographique. L.D. 2004