Matthieu Husser a ajouté un symbole largement apparent sur l’un des murs d’une chapelle. Ce symbole a l’air vieux et attaqué par les intempéries. Mais est-ce vraiment sa place ?
La religion est souvent considérée comme étant attachée de façon immuable à la tradition. Cependant, la plupart des religions se caractérisent par une grande capacité d’adaptation aux nouveaux besoins sociétaux ou spirituels. Le Christianisme a toujours été maître dans l’appropriation et la reformulation des signes étrangers. En cela il ressemble au nouveau media Internet qui, dans le court temps de son existence, a déjà atteint différents degrés de développement et produit toujours de nouvelles formes et de nouveaux symboles tout en conservant sa structure élémentaire. Les scientifiques et les nerds discutent effectivement pour déterminer dans quelle mesure Facebook pourrait être un ersatz de religion. Apparemment, le cerveau des fans réagit à son logo de la même manière que le cerveau des croyants à la vue de la croix. Facebook établit par le biais de la communication une confiance dans le monde exactement comme savent le faire les religions. Les personnes qui ne s’inscrivent pas sur ce site sont exclues et deviennent infréquentables ; ceci serait donc encore un trait caractéristique de la religion. Pour autant, Facebook est-il vraiment un ersatz de religion ?
Quand Matthieu Husser appose ce symbole sur le mur d’une chapelle du 16ème siècle, il ne pose pas simplement la question : Facebook prend-il la place et/ou la relève des anciennes religions ? Il fait aussi allusion à la transformation des symboles ainsi qu’à l’appropriation des signes et des structures de communication par l’église chrétienne. La chapelle elle-même est un témoignage éloquent de l’absorption de tels symboles.
Ses fondations sont en forme de croix. La croix n’a été introduite officiellement en tant que signe chrétien qu’en 431 après Jésus Christ, par le Concile de Ephesos. Auparavant, elle était utilisée par d’autres religions et cultes. Le F de Facebook est très proche de la croix. Il rappelle de surcroit la crosse épiscopale, qui est également un symbole de Saint Nicolas, le patron de la chapelle.
Est-ce désormais le nouveau média qui squatte la vieille église ou bien le contraire ?
Matthieu Husser rajoute à la chapelle une construction dont l’étrangeté ne se voit pas au premier coup d’œil et pourtant il pose des questions qui dépassent largement notre temps.
Spunk Seipel