L’entropie est une mesure du désordre en science.
Cette série a été réalisée pendant une résidence au CHU d’Angers dans un département de soins de suite de longue durée. Elle est basée sur le mobilier de l‘espace famille.
Ces chaises et tables ont été scannées en 3D avec un capteur de jeu vidéo de Xbox qui n’est pas prévu pour à l’origine et qui permet avec un programme tiers de le détourner, (une autre façon de faire un croquis et de prendre une distance).
Forcément moins précis qu’un scanner professionnel ce sont ses erreurs volontairement non maitrisés dans l’acquisition de ses objets sans intérêt esthétique qui m’ont intéressé, et le glissement qui en découle dans notre perception.
Une fois dépouillé des éléments de décors, j’ai également supprimé les textures photographiques de la 3D, me permettant ainsi de définir un angle de prise de vue en effectuant une capture de l’écran. Juger ainsi la forme pour elle-même en non plus sa ressemblance avec la source. Il s’ensuit une retranscription fidèle du contour et d’une improvisation pour l’intérieur des formes. Privilégiant parfois des captures plus abstraites et d’autre plus figuratives.
Dessinée à l’aérographe avec la volonté d’avoir un trait flou lorsque l’on s’approche de très près de l’œuvre afin la regarder dans le détail. Une façon d’interpeller le regardeur qui s’en rend compte, qui lui, s’attendait certainement à y trouver des éléments plus précis. C’est aussi un jeu avec l’outils qui est à ses limites, plus prévu pour des fondus ou du trait beaucoup plus gros.
Volonté d’une restitution de l’idée du maillage constituant les objets en 3D qui sont algorithmiquement parfait, les miens sont pleins de trace, d’hésitation, d’intention.
L’utilisation du plein et du vide, de l’erreur pour questionner notre perception est également une récurrence. J’essaye de provoquer une forme de sérendipité qui est le fait de réaliser une découverte scientifique ou une invention technique de façon inattendue à la suite d’un concours de circonstance.
Yan Bernard
Série “Entropie”, 2018
Acrylique à l’aérographe sur papier bristol 65 × 50 cm