La résidence au service de soins de suite du CHU d’Angers, se divise en deux temps, un temps de concentration et un temps où l’atelier est ouvert au personnel et aux patients.
Ces moments de rencontre ne sont pas anodins, ils permettent une appréhension du contexte et surtout des temps d’échanges privilégiés. Un atelier dans un hôpital c’est une situation qui ne peut être anticipée ni par les artistes ni par les patients.
Il y eu d’abord une phase d’écriture autour de la notion du paysage. Nous avons voulu dans un premier temps explorer les environs d’Angers. Guidées par les discussions avec les patients et le personnel, nous avons finalement focalisé notre attention sur les ardoisières de Trélazé, pour ausculter au plus près l’ardoise.
Le paysage est abordé dans sa dimension macro, décortiqué au microscope pour devenir une peinture abstraite.
Un second temps s’est porté sur l’appropriation de cette matière minérale. Ce temps de laboratoire a vu émerger de nombreuses formes. Une série de vinyles en gélatine apparaissait, dans une recherche de flux de couleurs et de stratification. L’observation microscopique de ces vinyles produits nous a amené à suivre leurs sillons, des lignes irrégulières révélées par la lumière. Un travail sonore s’engageait : repérage et archivage, sons de déplacement captés à l’intérieur et à l’extérieur de l’établissement. Notre recherche du paysage comme mouvement prenait forme.
Un troisième temps est consacré à la concrétisation de notre projet. Nous réalisons un chariot hybride qui réunit à la fois une sculpture écran, une projection fixe ou vidéo ainsi qu’ une bande sonore. Ce chariot est conçu en fonction du rangement et de l’installation de chaque élément et des contraintes d’une chambre d’hôpital.
L’étymologie du paysage, dans la définition donnée par le Littré est le paysage qu’on embrasse du regard, comme prendre dans ces bras.
ULM propose une installation immersive et mobile. Une adaptation sur mesure à l’espace et au contexte de la chambre était nos règles de jeux.
L’écran translucide se déploie comme deux éventails au dessus du regardeur, l’image tremblante vacille de l’écran au plafond jouant des superpositions.
L’ombre de l’écran est elle-même projetée au plafond. Ces répétitions sont comme autant de lignes que forment les sillons du vinyle, les motifs de la pierre et du végétal.
Caracole Pièce sonore 3’50’’ pour ULM
La bande sonore structure la lecture des images. Des prises de son très proches du bruit des chariots, racontent le mouvement. Un focus sur le son de déplacement du personnel et des patients capte l’action dans son urgence et sa fragilité. Peu à peu la marche au contact de la terre prend l’ampleur du premier plan. L’extérieure par la présence des chants d’oiseaux se définis dans un panoramique. Cette composition sonore réduit à l’essentiel la captation du frottement de l’air, par l’action frontale de la marche et celle plus incertaine de l’environnement sonore d’un paysage.