Cette exposition comme le précise Anabelle Hulaut, est un parcours, un environnement à traverser comme quelque chose en construction. Ce chemin conçu par l’artiste, invite le spectateur à endosser le costume et les attributs d’un enquêteur, d’être en éveil pour arpenter le méandre des œuvres et de leurs accrochages. Le détective loupeur doit se révéler un fin limier afin de ne pas se fier aux apparences ni aux agrandissements que la loupe, comme objet symbolique contient, permet et révèle. Anabelle Hulaut joue avec la définition même de cet accessoire emblématique pour l’enquête au risque de louper, de rater quelque chose, en somme. Signes, indices, se conjuguent dans ce parcours pour un épisode dont le spectateur est également l’acteur de l’enquête où le vraisemblable se cache derrière le point de vue de chaque témoin. Lorsque Anabelle Hulaut construit une photographie de tas, c’est toute une collection qu’elle élabore et fixe au cours du temps et de ses pérégrinations car : « Le tas m’intéresse parce qu’il est l’entre deux, la matière première d’une chose en devenir, d’une chose qui reste à faire, d’une chose encore indéfini, il y a quelque chose de suspendu ».
Voyez le brick géant que j’examine près du wharf est donc l’occasion pour l’artiste de présenter un ensemble de nouvelles productions d’œuvres. Ainsi, cette présentation est constituée et conditionnée par l’emploi des médiums et des techniques qu’ils procurent pour élaborer —par la photographie, la sculpture, la vidéo, des objets—, des histoires ou des partiels d’histoires qui vont du ludiques aux référentiels. De sorte que, sa nouvelle œuvre Sam Moore, sorte d’Anti-chambre, espace construit spécialement à cette occasion, est une sculpture à observer autant de l’extérieur que de l’intérieur et qui recèle des objets indices qui racontent et sont des jalons du travail que cette artiste poursuit depuis ses premières expositions. Sam Moore est donc une sculpture, à la fois un dehors et un dedans, qui devient tableau lorsque le visiteur à l’intérieur de l’œuvre, se retrouve « malgré lui » un modèle observé par le spectateur qui contemple la scène depuis l’œil de visée d’une camera. Le regardeur est alors le temps d’un instant, le témoin ou le voyeur d’une peinture fugace que le jeu des perspectives s’accorde à troubler, malgré le désir d’en fixer l’image.
Communiqué de presse – WHARF
Anabelle Hulaut
Anabelle Hulaut, «Voyez le brick géant que j’examine près du wharf», 2013, photographie : © Anabelle Hulaut ADAGP
Anabelle Hulaut, «Voyez le brick géant que j’examine près du wharf», 2013, photographie : © Anabelle Hulaut ADAGP
Voyez le brick géant que j’examine près du wharf, 2013
Wharf, Centre d'Art Contemporain Basse Normandie Hérouville Saint Clair